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Documentation et archives
5 septembre 2012

RDC: plus de 50 ans de pratique de la langue francaise, quel bilan

En marge de cinquantenaire de l’accession de la RDC à la souveraineté internationale, l’obligation impose d’évaluer tous les secteurs de la vie nationale afin de donner de nouvelles orientations qui vont conduire ce sous-continent à bien préparer son avenir. Dans ce contexte d’évaluation, nous avons choisi de faire l’état des lieux de l’évolution de la langue française en République démocratique du Congo, considérée comme le deuxième pays francophone en terme démographique après plus de cinquante ans de pratique de cette langue. Le français est la langue officielle de la République démocratique Congo depuis l’Etat indépendant du Congo. Depuis 1960, la langue de Voltaire n’a jamais eu de concurrente de taille déclarée. N’empêche qu’elle est en train de battre de l’aile. D’autant que l’incursion du monde des affaires congolais par les pays d’Asie et ceux de la SADC, essentiellement anglophones, n’est plus à démontrer. Ni à juguler non plus. A côté de cette menace insidieuse de l’anglais, il est fait état de la baisse du niveau de l’éducation en République démocratique du Congo. Mais en plus, les bibliothèques font défaut. Or, d’aucuns n’ignorent l’importance de cet outil dans l’acquisition et l’assimilation des connaissances. Ce n’est pas moins un socle de compétence et de performance. En ce qui concerne la baisse de niveau d’étude en RDC, cela serait dû à la pauvreté qui frappe beaucoup de familles qui sont devenues incapables d’inscrire leurs enfants à l’école. Ceux qui sont scolarisés ne suivent pas un cursus régulier. Et quand bien même ils le suivraient, ils ne sont pas dotés de matériel didactique adéquat ni de manuels scolaires. Soulignons tout de suite ici que la plupart des manuels scolaires voire au niveau universitaire sont dépassés. A Bolobo, un territoire situé à 350 km de Kinshasa le long du fleuve Congo dans la province du Bandundu, le dictionnaire le plus récent est celui édité en 1977, le précis de grammaire de 1972 et sans compte les atlas et d’autres manuels de l’apprentissage de la langue française. Tous ces documents cites ne sont restes que quelques feuilles. Un cas entre mille mais qui peut être étendu à l’ensemble du territoire national. Or, quand on sait que la langue française évolue et que chaque année une nouvelle édition du dictionnaire est mise sur le marché, il y a de quoi s’interroger sur les acquis des locuteurs du français en RDC dont la population est estimée à plus de 60 millions d’habitants. Dépassés, comme le sont les ouvrages révolus qui les accompagnent dans l’apprentissage du français, il y a lieu de s’interroger sur la place de ces millions de locuteurs congolais (jeunes et adultes) dans la francophonie. Combien ont-ils le temps ou l’occasion de suivre l’émission de Tv5: Merci professeur ! Apport de la francophonie en Rdc Raison pour laquelle à son époque, le président Mzee Laurent-Désiré Kabila se posait la question de savoir l’apport de la Francophonie et ses réalisations visibles en RDC. Cette question avait, à l’époque, glacé le climat des relations entre la RDC et la France. Aujourd’hui, encore les Congolais se posent la même question. Il faut rappeler ici que jadis, la France, par le truchement de la coopération Franco-congolaise et la Francophonie, avait beaucoup contribué à la promotion de la langue française. C’est ce que souligne Bob Bobutaka Bateko dans son livre publié aux éditions L’Harmattan/RDC en 2009, intitulé « Ecrit, informatique et communication en RDC : essai de bibliologie ». Il indique que les bibliothèques congolaises ont bénéficié de plusieurs apports documentaires. Il cite, notamment, la mise en place d’une bibliothèque ambulante pour la ville de Kinshasa et le biblio-train qui a circulé dans la province de Katanga. Pour la capitale congolaise, Bobutaka, cité également la réhabilitation du bâtiment abritant la bibliothèque nationale du Congo et l’installation de la Médiathèque francophone de Funa grâce au projet franco-congolais d’appuis à la documentation. Cela prouve combien les Français avaient le souci de promouvoir la langue française en République démocratique du Congo. Mais ce souci a montré ses limites car tous ces projets n’ont visé que quelques grandes villes de la RDC, notamment de Kinshasa et Lubumbashi, et non l’arrière-pays. Démographiquement parlant, les populations de deux villes ne font même pas la moitié de la population congolaise. Et si tel est le cas, la majorité des Congolais sont exclus à bien articuler et à rédiger la langue française. Dans notre article publié dans le journal Le Potentiel n° 4746 du 8 octobre 2009, intitulé L’OIF : Comment promouvoir la langue française à côté d’autres langues étrangères », nous soulignions que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) devrait définir autrement sa politique de renforcement de la langue française en République démocratique du Congo. Il est superfétatoire de rappeler que la RDC est l’un des grands pays francophones au monde. A ce titre, elle mérite l’attention particulière de l’OIF. Langue officielle, le français est en train de subir l’influence sinon la concurrence d’autres langues étrangères. Sans que ni les officiels ni les nombreux locuteurs congolais ne s’en émeuvent. Pour que la langue française survive encore longtemps et surtout garde sa place de choix dans cet immense territoire dont six voisins sur neuf ne sont pas francophones du tout, l’OIF devrait s’impliquer. Son implication concerne particulièrement le secteur de l’éducation, mais également les structures locales qui défendent la langue française. Définir autrement la politique de renforcement de la langue Autant nous reconnaissons le souci de l’OIF de promouvoir la langue française en RDC (projet d’un centre de documentation qui sera opérationnel prochainement), autant nous notons que les moyens mis à contribution n’ont pas encore atteint le niveau requis, compte tenu de l’immensité de la RDC. La crainte des experts en documentation (bibliothécaires, documentalistes, bibliologues et archivistes) et de la majorité des Congolais est que ce centre de documentation connaisse le sort de bibliothèques de centres culturels qui évoluent à Kinshasa. Renseignements pris, les salles de lecture désemplissent. Qu’est-ce à dire ? Le manque d’intérêt dans le chef des lecteurs, lesquels ne se retrouveraient plus dans les documents mis à leur disposition ou l’absence de sensibilisation (animation du livre) sur l’enrichissement de leurs rayons. Il se pose ici le problème de besoins ressentis par les utilisateurs et des réponses à y réserver. Jacques chaumier, dans son livre intitulé «Le travail et les méthodes du documentaliste », insiste beaucoup sur comment insérer un Centre/service dans un système ou dans l’organigramme de l’organisation ; il recommande une étude minutieuse des flux de circulation de l’information et l’implication personnelle du documentaliste dans l’organisation du centre. Pour réponde aux préoccupations de Chaumier, les Congolais souhaitent que le centre de documentation de la Francophonie travaille en étroite collaboration avec les alliances Franco-congolaise pour atteindre la majorité des territoires (entités administratives) congolais. Dans le cadre du maintien de sa place dans l’éducation nationale (enseignement), ce centre pourrait alimenter les écoles, instituts, universités du pays des ouvrages de référence (dictionnaires, encyclopédie, matériel didactique, atlas…). D’autant que universités et instituts supérieurs utilisent des manuels référence qui datent d’avant l’indépendance. Ce centre de documentation devrait créer des clubs des lecteurs. Ces clubs des lecteurs pourraient jouer le rôle d’intermédiaires ente le Centre de documentation de la Francophonie et la population enfin de participer à la promotion de la langue française et les langues locales. Le cinquantenaire de la RDC devrait coïncider avec une campagne pour la promotion de la langue française qui demeure la langue officielle du pays depuis son indépendance et même avant celle-ci. Le constat que cette langue est vue par la population congolaise comme une langue qui ne rime plus avec le développement. En revanche, elle est devenue la langue des politiciens et des discours politiques, c’est-à-dire tromper ou impressionner. Il est temps de corriger cette appréciation. L’autre erreur à corrigée reste sans nul doute le fait que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a préféré évoluer dans des salles huppées des grandes villes au détriment des quartiers populaires ou les territoires (provinces) qui regorgent le gros des locuteurs potentiels du français. Il convient de rappeler que la République démocratique du Congo (alors Zaïre) a adhéré à la Francophonie (à l’époque ACCT) en décembre 1977. En septembre 2001 par décret n° 048/2001 la RDC met en place une nouvelle structure dénommée commissariat Général à la Francophonie. Cette structure est un organe spécialisé du Ministère des affaires étrangères et de la coopération Internationale chargé de la gestion et de la promotion de la Francophonie. Dans le cadre de l’éducation, l’OIF appuie à la refondation du système éducatif national en matière de formation professionnelle et technique. De même que la politique gouvernementale relative à l’élaboration des manuels scolaires. Delphin Bateko Moyikoli
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