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Documentation et archives
6 décembre 2017

Documentation, archives, bibliothèque, bibliologie et le développement du pays

Les disciplines du monde documentaire (Archivistique, Archivologie, Documentologie, Documentation, Bibliothécologie, Bibliothéconomie, Bibliologie…) sont des piliers de la bonne gouvernance, car elles permettent d’évaluer, d’analyser, de contrôler et surtout de sécuriser un système ou une nation. Épistémologiquement parlant, dans les Sciences de l’information et de la communication (SIC), elles sont des domaines qui s’occupent de la conservation et de l’analyse approfondie des documents (livres, articles de presse et d’autres réflexions).

 Dans des pays mieux organisés, toutes les actions ou décisions passent par la vérification documentaire. Cette vérification, autrement appelée « Poser la question aux archives ou documents avant d’agir », reste l’unique et le seul guide pour un développement intégral de l’Homme. En cette matière, la République démocratique du Congo (RDC) se veut être un pays à part qui, d’un côté, cherche à se développer et, de l’autre, ignore l’importance de la documentation. Pourtant, pour atteindre une évolution positive, il faut évaluer, analyser, contrôler et sécuriser.

L’ignorance politique des domaines de documents en République démocratique du Congo a été plus remarquée juste après l’accession de ce pays à la souveraineté internationale. Les dirigeants de l’époque n’ont pas pu gérer la mémoire collective et les bibliothèques laissées par les Belges. Car la première préoccupation des politiciens congolais de l’époque a été de se battre pour devenir un évolué et non une élite. La différence entre ces deux concepts est que le premier est lié aux réjouissances (à boire, à manger, véhicule de luxe, plusieurs femmes…) et le second est rattaché à la détermination (amour de la patrie). Hélas ! 57 ans après, c’est la désolation et le grincement de dents. 

Que faire ?

57 ans après l’indépendance, la RDC peut se rattraper en quittant le monde des évolués pour celui des élites. Ce changement ne peut être effectif que si les Congolais impliquent la documentation dans la gestion quotidienne du pays. Car, avec la documentation, il y a le maintien de l’intelligence, l’évaluation et le contrôle des actions et des décisions, l’analyse des situations et, enfin, la projection de grands enjeux de développement.

Le roi Léopold II de Belgique n’avait jamais mis ses pieds dans l’État indépendant du Congo (actuellement République démocratique du Congo). Les Congolais se sont-ils déjà demandé « comment ce roi des Belges a pu s’intéresser à la RDC et comment a-t-il pu diriger ce petit continent à distance ? »

La réponse à cette question est simple : le roi Léopold II n’a recouru qu’à l’archiviste-bibliothécaire-bibliographe Emile Théodore Joseph Hubert Banning (de ce nom a été tirée l’ancienne appellation de ville de Bandundu, Banningville). Ce savant n’a fait que répertorier, analyser et mettre la documentation à la disposition du roi pour la connaissance et la conquête du futur État indépendant du Congo (ÉIC).

Et de son vivant, le roi Léopold II a télé-dirigé la RDC à partir de la Belgique par les canaux de la documentation administrative et autres rapports soutenus ou types d’écrits. Pour impliquer, tant soit peu les Congolais dans la gestion de son « jardin », le roi, ensuite la Belgique, ont implanté les bibliothèques, le service de documentation et le dépôt relai des archives à travers la RDC. Le fonds documentaire de ces bibliothèques a été taillé sur mesure afin de bien gérer l’intelligence des Congolais. Et les archives congolaises appartenaient au roi.

Construire autrement la RDC

Pour pallier cette ignorance documentaire imposée par les puissances mondiales, d’une part, et les décideurs politiques congolais, d’autre part, et par le souci de développement de la RDC, les élites congolaises actuelles ont l’obligation de mettre en place des institutions documentaires (des bibliothèques : publique, scolaire, universitaire ; des centres de documentation et des dépôts nationaux des archives). Cela  afin de mieux gérer les Congolais, de mieux contrôler les actions politiques, économiques, sociales, sécuritaires et inculquer aux Congolais l’amour de la patrie et les amener  à participer au développement de la République.

Une bibliothèqueest une institution documentaire qui a pour objectif de maintenir l’intelligence de l’Homme. Son fonds documentaire est constitué plus des livres que d’autres documents (publications en série et rapports soutenus). La Belgique a disposé de plus de 300 bibliothèques en RDC avant l’accession de celle-ci à l’indépendance. Pour le moment, toutes les bibliothèques publiques sont quasi inexistantes. Celles qui tiennent leur fonds documentaire ne sont pas actualisées.

Cependant, le pays dispose d’une bibliothèque nationale qui n’est peut-être pas associée à la définition de la politique de lecture publique du pays. Elle n’arrive même pas a publié la bibliographie nationale, et pourtant, c’est un instrument-clé de la recherche.

Centre/service de documentation

Quant au centre/service de documentation, c’est une institution documentaire qui s’occupe de la gestion des publications en série (revues, magazines, journaux, rapports soutenus et certains livres spécialisés). Le  professeur Bob Bobutaka précise, dans un de ses livres scientifiques, que « la mission d’un centre ou service de   documentation est de créer une émulation collective. »

L’histoire nous renseigne que la RDC disposait de grands centres de documentation qui géraient de grands dossiers de recherche. Par exemple, celui de l’Institut des recherches scientifiques en Afrique centrale (IRSAC)/ de Lwiro, situé à 45 km de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu. Ce centre avait un fonds documentaire sur les dossiers des pays des Grands Lacs. Il a été abandonné pendant la deuxième République et ensuite pillé par les pays voisins qui ont accompagné l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) au pouvoir.

Pour des raisons de contrôle dans des milieux universitaires, le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) peut mettre en place un centre de documentation universitaire ou une bibliothèque interuniversitaire qui aura pour mission de gérer, répertorier et diffuser sur papier ou sur le site web (Internet) les travaux de fin de cycle (TFC), les mémoires et les thèses défendues au pays. La finalité est de lutter contre le plagiat devenu monnaie courante dans les milieux universitaires. 

Dépôt d’archives

Depuis son indépendance, la RDC n’a pas encore construit un dépôt national des archives. Celui qui existe au sein de l’Institut national des archives du Congo a été le dépôt relais des archives à l’époque coloniale avant que ces archives ne soient transférées en Belgique.

La mission d’un dépôt d’archives est de gérer la mémoire collective d’une nation. Son rôle intellectuel est d’accompagner les décideurs du pays lors de prise des décisions.

C’est pourquoi, 57 ans après l’indépendance, le gouvernement congolais a l’obligation de doter le pays de deux dépôts nationaux des archives. Le premier pour les archives culturelles (comme l’actuel dépôt d’archives) et le second pour les archives de souveraineté (gestion des archives de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur).

Les archives sont des solutions aux problèmes d’un contentieux. D’où les ministères des Affaires foncières, de l’Urbanisme et Habitat, des Affaires étrangères, de l’Intérieur, du Portefeuille, de la Décentralisation et des réformes institutionnelles doivent mettre en place  des services actifs  de gestion de leur mémoire.  

 Il convient de signaler que l’histoire archivistique de la RDC renseigne que les archives en RDC n’ont connu que des moments difficiles. De la destruction des archives de la colonie par Léopold II au pillage des archives de la présidence de la République par l’AFDL et ses alliés en 1997, en passant notamment par la négligence de ces archives pendant la deuxième République. Il faut ajouter qu’au cours des neuf dernières années, les archives de la RDC ont été détruites plus de 5 fois. En 2006, la destruction d’une partie des archives de la Cour suprême de justice a été provoquée par le contentieux électoral.

En 2007 des incendies ont détruit les archives de la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (CONADER) et en novembre 2009 les archives médicales des Cliniques universitaires de Kinshasa. La plus récente destruction est celle des archives au Secrétariat général et aux installations abritant le serveur central du système informatique du ministère du Budget, dans la nuit du 5 au 6 janvier 2015. 2017 la destruction des archives pénitentiaires de la prison centrale de Makala (nuit de 16 au 17 mai) et le 10 juin a été pour les archives de Parquet de Matete.

D’ailleurs, la négligence des archives institutionnelles continuent de poser problème en RDC. Cela se confirme après une étude menée sur l’adéquation des informations de la troïka stratégique du gouvernement. En effet, des chercheurs n’ont pas pu trouver l’ensemble de rapports au niveau de la Primature. Pourtant, l’ancien Premier ministre Augustin Matata vient de partir il y a à peine moins de deux ans.

La bibliologie, quant à elle, s’occupe de l’analyse des documents. Par définition, elle une branche des SIC qui étudie le comportement et la pensée de l’écrit. Elle est aussi comprise comme un domaine scientifique qui étudie l’esprit et la lettre de l’écrit. Pour une compréhension scientifique, Robert Estivals considère la «bibliologie comme la  science des sciences qui permet d’atteindre les autres connaissances, puisque l’écrit est la mémoire de l’humanité. »

Dans le développement d’une nation, la bibliologie intervient lors des études de grands dossiers ou de grandes études dont d’autres mondes scientifiques ne peuvent comprendre le sens caché de fond. Ces sont des bibliologues qui sont généralement engagée dans des services de l’intelligence et renseignement de grande nation.

Pour arriver à mettre en place de tels projets, l’État congolais a l’obligation d’associer les spécialistes de ces domaines précités en lieu et place de recourir aux étrangers. Car la RDC a des institutions supérieures et universitaires qui forment sur la documentation, les archives, la bibliothèque et la bibliologie. La recommandation de l’implication des spécialistes est due à la maîtrise des théories préétablies pour la gestion des informations documentaires ou archivistiques, notamment théorie de rhombique (losange), de la théorie de trois âges, la  théorie de pré-carré, la théorie de la pyramide. Cette recommandation consiste à formuler la manière de gérer un système documentaire ou d’exécuter la gestion intellectuelle d’un système.

S’agissant de la théorie de trois âges, elle consiste à étudier les étapes de la vie d’un document ; tandis que la  théorie de pré-carré du professeur Bob Bobutaka consiste à définir d’autres manières de gérer la pensée humaine; Pour la théorie de la pyramide, elle consiste à définir comment mettre en place une unité documentaire ou un système de sécurité efficace.

Delphin Bateko Moyikoli/Kinshasa(DRC)

delphinbateko@yahoo.fr

 

 

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  • Dans ce blog, sont publiées des reflexions sur le monde documentaire (archives, Documentation et Bibliothèque). La politique quelques fois interesserait ce blog et certaines photos de grands évènements en Afrique (RDC).
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