Histoire cachée des sciences

Jean-Raoul Lumpungu (lumpunguraoul@gmail.com)

Les sciences apparaissent au XXIème siècle comme un domaine de prédilection de l’occident. Grace à son hégémonie, l’occident a écrit l’histoire des sciences en prenant soin d’effacer et de cacher son origine. Pour démontrer que l’origine des sciences a été effacée et cachée, trois points sont développés à ce sujet : 1. La question de l’origine des sciences 2. Contexte historique de la naissance des sciences : le récit  3.L’origine des sciences effacée et cachée 4.Introduire l’étude de l’origine des sciences dans l’enseignement

1. La question de l’origine  des sciences

L'origine (du latin origo, la source) est au premier abord le moment initial de l'apparition d'une chose, c'est-à-dire la naissance historique de cette chose, le commencement de cette chose.

 Ceci étant, la recherche de l’origine des sciences consiste  à rechercher le lieu de la  première apparition ou naissance des sciences ou connaissances (scientifiques). Il s’agit aussi d’élucider ce qui fut à la base ou à provoquer  l'apparition des sciences, ce qui en explique la formation.Cette recherche est entreprise ici dans l’histoire (et non dans des théories).

Il sied de savoir que l’origine des sciences, élucidée par les humanistes de la renaissance, a été ensuite effacée et cachée. Pourquoi la naissance ou l’origine des sciences a-t-elle été effacée et cachée ? Il semble que c’est parce-que les sciences sont nées en terre africaine, en particulier en Egypte, durant l’antiquité.

Considérant que l’origine des sciences a été effacée et cachée, il y a besoin d’élucider le contexte historique de la naissance des sciences. Pour ce faire,  le recours à l’approche socio-historique est indiqué. L’approche socio- historique vise « à produire un récit montrant comment, à travers le temps, on est arrivé à certaine pratique » (Gérard FOUREZ). 

Ceci étant, il faut se référer à un récit pour connaitre le contexte historique de la naissance des sciences. Car, l’histoire est un récit. Mais le récit historique n’est pas construit par intuition intellectuelle comme dans des théories, mais à partir de sources. L’histoire s’attache à partir des sources à reconstruire plusieurs pans du passé. Un récit relate le contexte historique de la naissance des sciences en Afrique : le récit de la stèle de la famine.

2. Contexte historique de la naissance des sciences : le récit

Le récit de la stèle de la famine relate le fait que les sciences sont nées ou apparues en terre africaine dans le contexte historique d’une crise climatique : celui des sept ans de sécheresse 3.000 ans av. J.-C. Il existe deux récits des sept ans de sécheresse et de famine : d’une part, celui de source égyptienne et d’autre part celui de source juive contenue dans le livre de genèse (récit de Joseph en Egypte).

Voici un extrait du récit des sept ans de sécheresse de source égyptienne ou de la stèle de la famine : « Du haut de mon trône, je pleure ce grand malheur. Pendant sept ans, au cours de mon règne, la crue du Nil n’a pas eu lieu .Le blé est rare. Les vivres manquent… » (Georges Zottola). Comment a-t-on fait face à cette crise climatique des sept ans ? L’humanité, dont les sciences en est l’émanation, a été la solution pour faire face à cette crise climatique des sept ans à la base d’une famine mondiale.

 En effet, il a fallu constituer des provisions en prévision de cette famine mondiale provoquée par cette crise climatique des sept ans. C’est la gestion des provisions épargnées qui engendra des opérations complexes qui ont donné naissance aux sciences.

2.1. Naissance de l’arithmétique et de la comptabilité

Il y a eu besoin de recenser au préalable tous les égyptiens qui devaient contribuer  durant sept ans avec les parties de leur récolte en guise de solidarité. Ce recensement des égyptiens  a rendu nécessaire l’usage des nombres : c’est le dénombrement dont l’arithmétique est la science.

L’arithmétique est  « l’art de former et de représenter les nombres  et de faire à l’aide de ces nombres les opérations qui ont pour but de déterminer des quantités ».La détermination des quantités de provisions  épargnées qui  variaient constamment donna aussi naissance à la comptabilité.

2.2.Autres sciences

 Outre l’arithmétique et la comptabilité, l’économie est apparue aussi en prévision de cette crise climatique des sept ans à la base de la famine mondiale. L’économie est la gestion rationnelle des biens. De tout ce qui est produit dans la société, une partie est consommée  tandis qu’une autre est mis en réserve pour être consommée plus tard ou investie.

D’autres sciences sont apparues dans cette circonstance historique : l’histoire, la géométrie, l’architecture, la géographie, la physique, la chimie ….Mais le cadre de cet article ne permet pas de développer tous ces aspects.

Le récit des sept ans de sécheresse est connu presque de tous, même des enfants. Mais ce récit n’est enseigné ni dans les écoles, ni dans les universités parce-que ce récit historique a été effacé dans l’éducation. Ce constat nous amène à aborder la question de l’effacement de l’origine des sciences ci-dessus reconstitué.

3.L’origine des sciences effacée et cachée

Nous venons d’élucider le contexte historique de la naissance des sciences en Egypte antique à partir d’un évènement historique: la crise climatique des sept ans à la base d’une famine mondiale. De l’Egypte antique, l’humanité et ses valeurs se sont répandues dans le reste du continent Africain. C’est ainsi qu’on parle de solidarité africaine, d’hospitalité africaine, de palabre africaine, des sciences africaines…du fait qu’on a retrouvé ces valeurs dans presque tous les empires, royaumes et chefferies africains.

Cependant, le récit historique des sept ans de sécheresse a été effacé et caché. Ce qui a permis à l’occident d’attribuer l’origine des sciences, en particulier des mathématiques, à la Grèce. Et pourtant, « les grecs (eux-mêmes) ont attribué aux égyptiens l’origine de la géométrie trois mille ans avant notre ère… » (Encyclopédie Larousse Méthodologie 2, p.2) ainsi que celle de l’arithmétique.

En effet, les grecs  ont reconnu avoir puisé sagesse et  connaissance en terre africaine, en particulier en Egypte. Saunerons le stigmatise en ces termes: « A parcourir les textes grecs anciens, on ne peut se défendre de l’idée qu’aux yeux de ces vieux auteurs, l’Egypte était comme le berceau de toute science, de toute sagesse ».

4. Introduire l’origine des sciences dans l’enseignement 

Le résultat attendu de la présente réflexion sur l’histoire cachée des sciences est l’introduction de l’origine ou de la naissance des sciences dans l’enseignement. 

Car, le récit des sept ans de sécheresse et de famine,  jadis caché, est connu de tous aujourd’hui grâce au développement de l’imprimerie et de l’internet. Toutefois, il faut savoir que « c’est à partir de la fin du XVIIème siècle que  l’écriture de la science reflètera (la) distance par rapport à l’insertion historique » (Gérard FOUREZ, La construction des sciences, 2002, p.167) : c’est la naissance de la science dite « moderne » ou « occidentale » qui a consacré l’effacement de l’origine des sciences.

En effet, « au cours de leur évolution, les sciences ont peu à peu gommé leur origine particulière » (Gérard FOUREZ, op.cit., p.167). Par conséquent, « on a oublié les questions de la vie quotidienne qui ont donné naissance… » aux sciences (Gérard FOUREZ, op.cit., p.167), notamment la crise climatique des sept ans à la base d’une famine mondiale dont la solution a été trouvée en Afrique.

En outre, « on durcit les approches scientifiques au point de gommer tout ce qu’elles ont de relativité historique » (Stengers, 1987). L’effacement de la naissance ou de l’origine des sciences a laissé un vide qui a été comblé par des théories dans toutes les disciplines scientifiques. 

Ainsi, l’étude de la naissance ou de l’origine des sciences dans les programmes scolaires et universitaires commence  par des théories parce-que l’histoire de la naissance des sciences a été effacée. D’où le besoin d’introduire l’histoire de la naissance des sciences dans l’enseignement. Car « Aucune science ne peut être dignement comprise sans son histoire…  » (Auguste Comte).